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Ismaël Khelifa, parrain au Sénégal et nouvel Ambassadeur de cœur !

Ismael Khelifa

Auteur, réalisateur, journaliste, écrivain et même guide en régions polaires… Ismaël Khelifa est avant tout un homme de voyage !

Présentateur d’« Échappées belles » sur France 5 , ses voyages, ses rencontres et ses valeurs l’ont amené à s’engager, aujourd’hui aux côtés d’Un Enfant par la Main où il souhaite avec dévouement agir pour ces enfants dont il a croisé, un jour le regard et qu’il n’oublie pas.

Son engagement est une preuve de confiance à l’égard des actions que nous menons pour les enfants, il ne fait que renforcer la motivation et la détermination dans le combat qui est le nôtre : offrir une vie digne à chaque enfant !

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, découvrez les raisons de son engagement !

Comment et quand est née, la volonté de parrainer un enfant ?

C’est l’histoire d’un conte de Noël. Le 24 décembre dernier, mon épouse et moi nous sommes mutuellement offert le parrainage d’un enfant pour seul cadeau.

Nous voulions vraiment que cette fête ait le sens qu’elle doit prendre. Dans la générosité. C’est un cadeau magnifique qui nous comble de joie.

Depuis, le portrait de Moutarou, le petit garçon que nous parrainons, trône dans notre salon.

Et notre petit garçon dit que c’est « son copain ».

Nous venons de commencer et préparons son premier courrier. C’est quelque chose de magnifique !

C’est aussi l’histoire d’un coup de foudre pour le Sénégal : pays magnifique, attachant, émouvant pour lequel j’ai eu un coup de cœur extraordinaire lors d’un tournage d’Échappées Belles.

Un pays qui a changé mon regard sur le monde. Le projet de parrainer un enfant est né là bas alors que je venais de voir une petite fille marchant dans une décharge publique.

Comment cela est-il encore possible ?

J’avais envie de crier en la voyant.

Puis son sourire, immense, m’a rattrapé alors que je la regardais.

Douleur contre humanité sans barrière. L’espoir dans un sourire.

On parle souvent des enfants du bout du monde, mais il ne faut pas oublier ceux qui, chez nous, grandissent aussi sans que leurs besoins de base, vitaux, soient assurés.

Ils sont nombreux. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment cela est encore possible, pourquoi la société n’érige pas en priorité absolue, sans a priori ou jugement des parents, aussi défaillants puissent-ils être parfois, la prise en compte de la souffrance des enfants.

Alors, à mon tout petit niveau, j’ai voulu agir, d’où ma présence aux côtés d’Un Enfant par la Main.

Pourquoi avoir choisi de parrainer avec l’Association Un Enfant par la Main ?

Internet a joué les entremetteurs ! Mais j’ai surtout aimé l’idée de pouvoir appeler directement quelqu’un à Nogent-sur-Marne pour parler de mon parrainage.

Une ONG à dimension humaine. L’histoire de l’association aussi m’a semblé correspondre à ce que je recherchais : une organisation pas forcément immense tout en étant très active sur le terrain et transparente. Dimensionnée pour créer un vrai lien à l’autre.

J’avais envie de pouvoir être sûr que mon parrainage servirait concrètement sur place et de pouvoir le vérifier.

Alors que vous parrainez Moutarou au Sénégal depuis 5 mois, que savez-vous et pensez-vous des actions menées pour lutter contre le COVID 19 grâce à votre parrainage et celui de centaines d’autres parrains ?

Cela fait du bien de savoir que tous les enfants, toutes les familles, sur lesquelles l’association veille ne sont pas seules.

Quand l’épidémie a commencé, j’ai pensé et échangé avec mes amis d’Afrique, en Algérie, au Sénégal, en Mauritanie…

Tout le monde avait très peur : « comment peut-on assurer des gestes barrières dans un quartier totalement défavorisé, où on vit à 10 dans des maisons de fortune, où il n’y a pas de gel hydroalcoolique et pas d’eau potable ? » me demandait un ami du Cap, en Afrique du Sud, très investi dans le township où il est né.

J’ai été une fois de plus impressionné par leur résilience car, quelques jours seulement après, cet ami mettait en place avec des gens du quartier un service de nourriture d’urgence et de livraisons de produits d’hygiène.

Les habitants, si souvent livrés à eux-mêmes, ont pris les choses en main. Mais cela ne permet pas tout.

Nous voyons bien à quel point la question logistique est au cœur d’une lutte réussie ou non contre ce virus.

Je suis donc heureux de voir que l’association apporte son soutien au savoir-faire des communautés dans les pays où elle intervient, et qui, pour beaucoup doivent régulièrement et malheureusement lutter contre des épidémies.

Que pensez-vous du travail de l’Association en faveur de la protection des enfants ?

Je pense qu’il est primordial. Il y a tellement d’enfants, en France et à travers le monde, qui ont besoin que les adultes s’impliquent pour eux.

Parrainer un enfant est une démarche modeste mais c’est un petit geste qui compte, humblement.

C’est aussi une façon pour nous de dire que nous soutenons ceux qui s’impliquent sur le terrain, ce que nous ne pouvons pas faire directement, faute des compétences nécessaires.

De soutenir leur courage et d’envoyer un message solidaire aux enfants du monde entier.
Notre rêve, désormais, c’est d’aller voir notre filleul en famille, chez lui.

A travers votre parrainage, vous choisissez de défendre le droit des enfants. En quoi le parrainage, pour vous est une solution à ces enjeux de protection ?

Je crois que la mobilisation pour aider les enfants est de la responsabilité de tous. Un enfant n’a pour moi ni couleur, ni religion.

C’est un être à qui l’on doit assistance et protection quel que soit l’endroit où il vit, ce qu’on fait ses parents au cours de leur vie, ses origines.

Au Sénégal, pays où je parraine mon filleul, la situation sociale et financière des familles ne leur permet pas toujours de répondre aux besoins des plus jeunes.

On parle là d’une question de survie. Je me souviens y avoir rencontré une femme, vivant avec moins d’un euro par jour.

Une femme extraordinaire, qui m’a accueilli chez elle en me donnant tout ce qu’elle avait car j’avais fait le trajet pour venir la voir.
Un euro par jour…

Comment voulez-vous acheter ne serait-ce que du Doliprane ou des couches pour votre petit ?

Et comment lui assurer une éducation scolaire ? Des études ? Des repas nourriciers ?

Dans un pays où des femmes et des hommes gagnent moins d’un euro par jour, parrainer devient une contribution financière précieuse.

Mais pour moi, c’est aussi le moyen de dire à un petit qui ne me connait pas que je suis avec lui, à ses parents qu’ils ne sont pas seuls, à son village qu’une forme de solidarité existe par delà les frontières.

Je pense à lui et j’espère que cela lui apporte ne serait-ce qu’un peu de joie, à lui, ainsi qu’à ses parents.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre filleul ?

Il s’appelle Moutarou Toure. Quel magnifique nom !

Et ce que je sais c’est qu’il est né le même jour que moi, le 10 octobre. Petit signe du destin !

Il vit en Casamance, dans un village qui subsiste grâce à l’agriculture. Je sais qu’il est entouré de sa famille, qu’il n’est pas seul.

Je compte maintenant sur nos correspondances pour en savoir plus.

Ce n’est que le début.

Mais, c’est fou à dire, il fait déjà un peu partie de notre famille.

En tant que parrain, comment voyez-vous votre engagement au sein de l’association ?

J’espère déjà pouvoir donner le maximum pour mon filleul.

Ensuite, quand l’association m’a proposé de devenir un de ses parrains, je n’ai pas hésité.

A travers mes Échappées Belles, j’essaie à mon petit niveau, de tisser des liens entre les gens car je crois que la rencontre permet de dépasser les préjugés, de se faire sa propre idée et de trouver des terrains d’entente communs.

J’espère que mon engagement permettra à un plus large public de connaitre Un Enfant par la Main mais surtout de penser aux enfants qui, en France comme ailleurs dans le monde, souffrent.

Les plus jeunes ont besoin que nous, adultes, les enveloppions de notre tendresse et de notre soutien.

600 000 enfants de moins de 5 ans n’ont pas d’identité au Sénégal et sont la proie de toutes formes de violences, comme l’esclavage, la déscolarisation, le mariage forcé etc… Que vous évoque cette situation ?

Evidemment, cela me tétanise, me met en colère… Mais je pense qu’il faut transformer cette colère en amour. C’est l’unique moyen d’agir de façon constructive.

Ce que je vous dis là peut paraître un peu naïf et à coté de la plaque : l’amour prend la forme d’un virement mensuel vers Un Enfant par la Main.

Mais derrière ce virement, que réalisent des milliers de femmes, d’hommes, de familles dans toute la France chaque mois, il y a des pensées pour de petits êtres dans le monde entier.

Ce n’est pas que de la solidarité froide mais bel et bien un engagement humain, dans toute sa chaleur.

Je suis sûr qu’à table, les parrains parlent de leurs filleul.e.s avec les leurs, que ces enfants sont toujours dans leurs pensées, qu’ils rêvent d’aller les rencontrer, qu’ils souhaitent le meilleur pour eux.

Il est difficile de donner des leçons aux pays où vivent nos filleuls.

En revanche, les valeurs de terrain et de respect des gens sur place, portées par Un Enfant par la Main, me semblent aller à rebours de tout prosélytisme, pour aider les populations à créer par elle-même ce dont elles ont besoin.

En respectant le contexte, la culture de ces Etats. En faisant confiance aux gens sur place.

En tant que papa, et globe-trotter, qu’aimeriez-vous transmettre à vos propres enfants ?

Question difficile ! Je crois que j’aimerais leur transmettre le goût de l’altérité.

Aller à la rencontre de l’autre, voir le monde et la France par eux-mêmes pour se forger leur propre opinion.

Au-delà de la petite ritournelle qu’on entend sur les uns et les autres, sur telle culture ou telle autre. Sachant que dans les pays que je visite, les préjugés sur le reste du monde sont nombreux !

Rassurez-vous, c’est partout pareil. Je crois que notre société souffre actuellement d’un cloisonnement de plus en plus marqué.

À chacun sa propre chapelle. Les réseaux sociaux accélèrent un phénomène qui me paraît dangereux. Nombre de leurs utilisateurs ne se connectent plus qu’à ceux qui pensent comme eux. Leurs contradicteurs devenant leurs ennemis.

Moi, je vois ma ville, mon pays, ma famille et même notre planète comme autant de grandes tables où chacun peut venir partager un même repas, un même temps commun.

Avec ses propres valeurs que j’ai envie de connaitre. A travers l’histoire, il me semble que c’est de ce dialogue et de ce rapprochement que sont nés les plus grands moments de paix et d’apaisement. On ne parle pas là de politique mais de rencontre entre êtres humains.

Tout ne me plait pas toujours dans mes voyages, dans les rencontres que je fais. Et tout ne plaira pas à mes enfants.
Mais la rencontre permet de se connecter, de s’apprécier malgré les différences, de se surprendre et de créer un espace commun de partage.

Quel message souhaiteriez adresser à ceux et celles qui vous lisent et qui vous connaissent dans Échappées Belles sur France 5, et à travers vos voyages s’évadent, partagent et découvrent de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, et vivent vos rencontres humaines ?

Ce que je vous disais plus haut : transformons la colère en amour. Je ne dis pas que j’y arrive. C’est très dur car, comme nombre d’entre nous, je suis souvent guidé par mes peurs.

Peut-être est-ce là un réflexe acquis par notre passé de chasseurs-cueilleurs, à la merci de ce qui l’entoure, toujours prêt à fuir.

Dans toutes mes rencontres, c’est cette peur que j’essaie de briser. Car ce qui me fascine, après tant de voyages, c’est que même avec des êtres à l’inverse de ce que je suis, nous trouvons toujours un petit espace pour nous rencontrer, rire, partager des émotions.

Un ami, Laurent me chambre souvent en soulignant un de mes tics de langage : combien de fois ai-je dit « je ne vous oublierai jamais » à ceux que j’avais rencontrés dans Échappées Belles ?

Mais lorsqu’on arrive à rencontrer l’autre, à dépasser ses préjugés, c’est vraiment ce que l’on ressent au plus profond de soi.
« Je ne vous oublierai jamais ». Quand ce sentiment vous emplit, vous avez l’impression que le monde est bien plus positif qu’il en a l’air !

On devient plus optimiste.

Et je suis sûr que tous ceux qui parrainent un enfant ressentent d’ailleurs cela.

De mon expérience, je dirai que lorsqu’on prend quelque chose en main, même de manière très humble, la peur s’amenuise un peu et ce qui nous entoure devient plus beau.

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