SALAMA : un projet innovant pour lutter contre la malnutrition infantile à Madagascar

Une réponse concrète à un défi vital
Madagascar est classée parmi les pays les plus pauvres du monde avec 75% de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2019 (1.90 USD par jour), soit plus de 20 millions de personnes. La pauvreté, l’insuffisance de nourriture et de soins de santé de qualité, ainsi que l’accès limité à l’eau potable et à l’assainissement contribuent à la situation.
Ces conditions de vie difficiles sont amplifiées en période de soudure alimentaire, c’est-à-dire entre la fin de la réserve du stock de riz et la nouvelle récolte. A Madagascar, cette période se traduit par une pénurie du riz, provoquant ainsi une flambée brutale des prix. De nombreux enfants et jeunes ne mangent qu’une seule fois par jour et sont contraints de trouver un travail journalier pour aider leur famille.
En Analamanga, la situation nutritionnelle des enfants est préoccupante. Selon les données disponibles, 48,4 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique et 5 % souffrent de malnutrition aiguë, ce qui entraîne des retards de croissance et des problèmes de santé à long terme. De plus, la situation est exacerbée par les catastrophes naturelles et le changement climatique, notamment pendant la saison des cyclones, qui rend la situation alimentaire encore plus précaire. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Elles sont responsables de l’approvisionnement alimentaire et de la nutrition de leurs enfants, mais font face à des obstacles liés à l’accès aux ressources.
Le projet SALAMA, mis en œuvre par Un Enfant par la Main, est le premier projet de l’association financé par l’Agence Française de Développement (AFD) à Madagascar. Il vise à améliorer durablement la nutrition des enfants et de leur famille. Pour cela, il adopte une approche multisectorielle répondant aux causes profondes de la malnutrition : amélioration de l’alimentation scolaire, éducation nutritionnelle, accès à l’eau, diversification agricole, et renforcement des capacités locales.
Trois piliers pour un meilleur avenir : Nourrir, Éduquer, Autonomiser
Lancé pour une période de trois ans (2024-2027), le projet SALAMA ambitionne de garantir le droit à l’alimentation et à la nutrition des enfants vivant en zone rurale. Son approche repose sur une dynamique communautaire, intégrée et multisectorielle, valorisant avant tout les ressources locales.
Concrètement, le projet poursuit trois axes majeurs :
- Améliorer durablement la nutrition en milieu scolaire, grâce à la mise en place de cantines scolaires et la promotion d’un environnement sain;
- Accompagner les familles en zone rurale en renforçant leurs capacités pour une production agricole diversifiée et qualitative;
- Renforcer les droits des enfants, notamment le droit à une alimentation adéquate, en impliquant les familles, les communautés et les autorités locales dans des actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer.
Des résultats concrets sur le terrain
En quelques mois de mise en œuvre, le projet SALAMA a déjà permis d’obtenir des avancées significatives au bénéfice des enfants et des communautés rurales :
- 1 900 enfants profitent chaque jour des cantines scolaires, soit l’équivalent de 1 900 repas quotidiens pendant 21 semaines chaque année ;
- Les écoles bénéficiaires ont été équipées de 4 cuisines, 2 réfectoires, 2 blocs sanitaires et 4 forages, améliorant ainsi les conditions d’accueil et d’hygiène ;
- 12 comités de gestion ont été renforcés afin d’assurer l’entretien et la pérennité des infrastructures ;
- 890 exploitants agricoles, dont 757 femmes, ont été formés aux techniques agricoles améliorées et à la gestion d’exploitation ;
- 30 pisciculteurs, 30 cuniculteurs et 30 sériciculteurs ont reçu un accompagnement spécifique pour diversifier les sources de revenus et de nutrition ;
- L’accès à l’eau pour la production agricole a été facilité grâce à la construction de 20 bassins individuels ;
- La sensibilisation aux droits de l’enfant a été renforcée avec la création de 3 Clubs Droits et la réalisation de 12 fresques murales sur le droit à l’alimentation et à un environnement sain dans les écoles ;
- Enfin, 150 acteurs clés ont bénéficié de formations en éducation nutritionnelle et en bonnes pratiques d’hygiène.
Des partenaires locaux engagés aux côtés d’Un Enfant par la Main
Pour mettre en œuvre efficacement le projet SALAMA, Un Enfant par la Main s’appuie sur deux partenaires techniques de confiance avec lesquels elle collabore depuis plusieurs années : Amadea et l’Association Enfants Antananarivo (AEA).
Amadea œuvre depuis près de 30 ans en milieu rural à Madagascar pour améliorer les conditions de vie des familles et favoriser l’accès à l’éducation des enfants. Elle accompagne les exploitant(e)s agricoles dans le développement de cultures diversifiées, de techniques agricoles durables et d’activités génératrices de revenus. Depuis 2019, elle a déjà mis en place avec Un Enfant par la Main des cantines scolaires en période de soudure, un modèle aujourd’hui renforcé dans le cadre du projet SALAMA.
L’AEA, de son côté, est un acteur clé de la protection de l’enfance et de la promotion des droits de l’enfant à Antananarivo depuis plus de 10 ans. Elle se distingue par sa méthode participative, qui place les enfants au cœur de ses actions. L’association mène des campagnes de sensibilisation sur les droits, la citoyenneté et l’environnement, en impliquant directement les enfants dans la conception d’activités éducatives et ludiques. Elle animera notamment les Clubs droits du projet et poursuivra son travail de sensibilisation auprès des familles et des enseignants.
Grâce à la complémentarité de ces trois acteurs – expertise projet et droits de l’enfant pour Un Enfant par la Main, agriculture et éducation pour Amadea, mobilisation des enfants pour l’AEA – le projet SALAMA repose sur des bases solides pour répondre durablement aux défis de la nutrition et des droits de l’enfant à Madagascar.
Une action durable pensée avec et pour les communautés
Le projet SALAMA s’inscrit dans la dynamique du Plan National d’Action pour la Nutrition (PNAN 3), qui guide les efforts de Madagascar en matière de sécurité nutritionnelle. Grâce à une approche multisectorielle et à des partenariats solides avec des acteurs locaux (ONG, écoles, autorités, etc.), le projet vise à créer un impact durable, au-delà de sa durée de mise en œuvre.
Pour assurer cette pérennité, les activités sont menées directement par les communautés elles-mêmes : parents, enseignant(e)s, jeunes leaders, et même enfants, sont pleinement impliqués et formés tout au long du projet. Cette montée en compétences permet une réelle appropriation, notamment dans la gestion des infrastructures (eau, cantines, cuisines, sanitaires…), la mise en place d’activités éducatives et les actions de sensibilisation.
Des comités locaux seront mis en place ou renforcés pour garantir le bon fonctionnement des équipements après le projet. Les choix techniques (matériaux locaux, pièces disponibles sur place) facilitent également l’entretien à long terme.
Enfin, un travail de plaidoyer est mené auprès des autorités pour intégrer durablement les enjeux de nutrition, d’accès à l’eau et de droits de l’enfant dans les plans de développement locaux. En formant, en accompagnant et en mobilisant les parties prenantes à tous les niveaux, SALAMA pose ainsi les bases d’un changement durable au bénéfice des enfants et des familles malgaches.
Deux communes rurales pleinement engagées
Le projet se déroule dans deux communes rurales de la région Analamanga à Madagascar : la commune d’Antanetibe Mahazaza (district d’Ambohidratrimo) et la commune de Fihaonana (district d’Ankazobe).
Ces communes font face à divers défis communs qui affectent directement les conditions de vie des enfants et l’accès à leurs droits : accès limité à l’éducation, qualité de l’enseignement insuffisante, faible taux d’achèvement du secondaire, absence d’infrastructures sanitaires fonctionnelles en milieu scolaire, prévalence de taux élevés de malnutrition et de certaines maladies dues aux pratiques d’hygiène inappropriées, accès limité aux intrants agricoles (coût et disponibilité), violences faites aux enfants, pour n’en citer qu’une partie.
Un projet soutenu par la solidarité internationale
D’un budget global de 864 000 € sur trois ans, le projet SALAMA bénéficie d’un appui déterminant de l’Agence française de développement (AFD), qui en assure 60 % du financement, soit 510 000 €. Il est également soutenu par plusieurs partenaires engagés, parmi lesquels les fondations Sancta Devota, Bel, Wavestone, ainsi que l’entreprise Wirquin.
La lutte contre la malnutrition infantile ne peut se concevoir sans une mobilisation internationale forte. À Madagascar, où les ressources locales restent limitées face à l’ampleur des besoins, ce soutien extérieur joue un rôle essentiel : il permet de financer des actions concrètes, de renforcer les capacités locales et de construire des solutions durables.
Au-delà de l’appui financier, cette solidarité contribue aussi à sensibiliser et mobiliser les décideurs, tout en rappelant l’urgence d’agir. Elle porte une ambition simple, mais fondamentale : garantir à chaque enfant, quel que soit son lieu de vie, un accès à une alimentation suffisante, à l’eau potable et aux soins indispensables pour grandir en bonne santé.
SALAMA : Un modèle inspirant à reproduire
Ils en parlent : paroles de terrain
Flavie, enseignante en CM1 et CM2 de l’école d’Antsaonjobe de la Commune rurale de Fihaonana :
Avant le démarrage de la cantine, le taux de présence des élèves est de 87%, durant la cantine scolaire, le taux de présence des élèves s’est élevé à 95%. Il est évident que cette assiduité aura aussi un impact sur le résultat du CEPE.
Mère d’une des enfants membres du club droit (mère de Sariaka) :
Ma fille est devenue plus courageuse. Elle ose prendre la parole, parler avec les autres personnes et elle leur partage même ce qu’elle sait sur le droit à l’alimentation. J’ai aussi été très surprise de sa performance lors du spectacle à la commune. Je ne l’ai jamais vu ainsi.
Père d’une des enfants membres du club droit (père de Stéphanie) :
Ma fille était déjà un peu bavarde avant de rejoindre le club droit, mais depuis qu’elle en est membre, elle l’est encore plus. La différence, c’est qu’avant elle parlait de tout et de rien, alors qu’aujourd’hui, elle veut débattre de tout : des droits non respectés, de ce qu’elle entend à la radio, en expliquant quand et pourquoi elle n’est pas d’accord. Même pendant nos moments de repos, elle cherche à échanger avec nous.
Elle pose aussi beaucoup de questions sur les repas : Qu’est-ce qu’on mange à midi ? Et ce soir ? Elle tient absolument à mettre en pratique à la maison ce qu’elle a appris sur l’alimentation et la nutrition. J’avoue avoir une petite crainte : nous aurons peut-être du mal à suivre son rythme.
Père de deux petits garçons membres du club droit (père de Riollah et Fabiollah) :
Mes enfants sont très timides, ils se sont ouverts. Ils osent même parler aux inconnus maintenant.
Il paraît qu’au club droit, ils ont appris qu’une bonne santé passe par des repas équilibrés. Et pour qu’un repas soit équilibré, il ne faut pas toujours manger la même chose. Alors, dès qu’ils retrouvent deux fois de suite les mêmes plats, ils ne manquent pas de le rappeler à leurs mères.
SALAMA en images
Le projet SALAMA change la vie de centaines d’enfants dans la région d’Analamanga, grâce à l’engagement des communautés, des enseignants et des parents.
Nutrition, accès à l’eau, agriculture… des actions concrètes qui améliorent le quotidien et redonnent espoir aux familles.
Agissez avec nous !
Le projet SALAMA a déjà démontré son impact concret sur la vie des enfants et des familles, mais il reste encore du chemin à parcourir.
Aujourd’hui, il reste 27 % du financement à réunir pour assurer le fonctionnement des cantines scolaires et garantir aux enfants un repas équilibré chaque jour, en particulier pendant la période de soudure alimentaire.
Votre soutien est essentiel :
- pour lutter contre l’abandon scolaire,
- pour aider les enfants à grandir en meilleure santé,
- pour leur donner toutes les chances de réussir à l’école.
Chaque contribution compte et fait la différence dans la vie d’un enfant.
Soutenez les cantines scolaires et aidez les enfants à apprendre dans de bonnes conditions. Agissez dès maintenant : soutenez les cantines scolaires et aidez les enfants à apprendre dans de bonnes conditions.
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