Offrir un certificat de naissance à un enfant au Sénégal: Un geste pour reconnaître un enfant !
Chez Un Enfant par la Main, nous avons voulu confier la rédaction d’un de nos articles sur l’enregistrement des naissances des enfants dans le monde à Caroline Delage, l’une de nos marraines mais également, productrice, journaliste et animatrice sur C8. Octroyer davantage de pouvoir aux enfants pour qu’ils agissent sur leurs conditions sociales et environnementales est un combat auquel croit fermement Caroline. Au travers de son regard, nous espérons une prise de conscience sur l’importance du droit à l’identité des enfants.
1 enfant de moins de 5 ans sur 3 n’a pas d’acte de naissance
Quand on donne naissance à un enfant, le premier réflexe est de lui choisir un ou plusieurs prénoms, et d’aller le faire enregistrer à l’état civil. C’est souvent le rôle du papa, pendant que la maman se repose à la maternité avec son bébé. Un acte qui nous semble on ne peut plus banal. Et qui est surtout obligatoire dans la majorité des pays. Mais ce n’est pas le cas partout.
Dans le monde, un enfant de moins de 5 ans sur 3 n’a pas d’acte de naissance. En tout, ce sont 51 millions de naissances qui ne sont pas enregistrées, chaque année. Notamment en Asie du Sud et en Afrique Subsaharienne.
Les obstacles géographiques sont bien souvent la première des raisons. Difficile, chronophage – parfois plusieurs jours de trajet – et très coûteux, en milieu rural, de se rendre au bureau de l’état civil pour déclarer son enfant. Parfois, par manque de sensibilisation, la population n’est pas bien consciente de l’importance de cette formalité administrative, qui, de surcroît, peut être payante. La volonté politique peut aussi faire défaut. L’absence d’enregistrement des naissances peut permettre d’exclure certains groupes, certaines ethnies. La langue peut encore être une barrière quand on ne parle pas le même dialecte. Les peurs, les traditions, les croyances, d’autres freins. Enfin, les conflits empêchent bien souvent les systèmes d’état civil d’être opérationnels. Au Cambodge, par exemple, sous le régime des Khmers rouges, les archives de l’état civil ont été détruites, et ne sont toujours pas totalement rétablies.
Le droit à l’identité : premier droit des enfants
Et pourtant, le droit à l’identité est fondamental. C’est même le premier des droits civils. Celui dont découlent tous les autres. On n’y pense pas forcément, mais sans identité, pas de droit à l’éducation. Ni à la santé. Ni à la protection.
D’après l’article 7 de la convention internationale relative aux droits de l’enfant, chacun « est enregistré dès la naissance et a, dès celle-ci, le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux ».
Sans identité juridique, il est souvent difficile de s’inscrire à l’école. Impossible de faire des études supérieures, d’entrer à l’université.
Pas question non plus, sans certificat de naissance, de se marier, d’obtenir un passeport ou un permis de conduire, d’ouvrir un compte en banque ou de postuler à un emploi reconnu. Pire encore, un enfant qui n’existe pas légalement est une marchandise facile pour le travail forcé, les violences, et l’exploitation sexuelle : il n’a pas de protection.
68 000 élèves refoulés des examens faute d’acte de naissance
Le Sénégal est l’un des pays qui connaissent cette problématique. En 2013, 600 000 enfants de moins de 5 ans n’avaient jamais été enregistrés à leur naissance. Pourtant, la procédure y est gratuite. Ce manquement a un fort impact sur la scolarité. En 2016, 68 000 candidats aux examens officiels ont été refoulés, faute d’acte de naissance et n’ont pu poursuivre leurs études.
C’est pourquoi Un Enfant par la main lance un grand programme pour aider les Sénégalais à faire enregistrer leurs enfants.
Objectif : déclarer 4160 naissances, et sensibiliser la population pour que cet acte devienne un réflexe. Pour cela, avec son partenaire ChildFund Sénégal, l’association organisera des audiences foraines, des causeries de village, et des visites à domicile. Trente émissions de radio seront aussi enregistrées. Sur le terrain, les équipes aideront à la modernisation et à l’équipement des centres d’état civil de deux départements ciblés (acquisition de registres, ordinateurs, et imprimantes), et à la formation de cent cinq acteurs locaux (chefs de village, délégués de quartier, agents de santé, relais communautaires…).
Pour seulement 9 euros, vous aiderez un enfant à acquérir une existence juridique, un droit fondamental.
Et grâce à vous, les mentalités changeront.
Caroline Delage, marraine à Madagascar et journaliste sur C8
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