Comprendre et agir contre la maltraitance infantile dans le monde
Selon l’OMS, chaque année, plus d’un milliard d’enfants de 2 à 17 ans subissent des violences à travers le monde. Un chiffre glaçant équivalent à un enfant sur deux.
Derrière ces statistiques, des vies brisées : coups, insultes, négligence, abus sexuels. Ces formes de maltraitance menacent leur santé, leur développement et leur avenir.
Face à ce fléau, des organisations comme Un Enfant par la Main agissent pour rompre le silence, protéger l’enfance et offrir un meilleur futur pour les plus vulnérables.
Qu’est-ce que la maltraitance infantile ?

Selon l’OMS, la maltraitance infantile désigne tous les types de mauvais traitements, qu’ils soient physiques, émotionnels, sexuels ou liés à la négligence, infligés à un enfant par une personne qui exerce une autorité ou entretient une relation de confiance avec lui. Elle ne touche donc pas uniquement les zones de guerre ou les pays pauvres : elle concerne toutes les sociétés, y compris la France. Toutefois, dans les régions où les services de protection sont fragiles, les enfants sont plus exposés au danger.
Un Enfant par la Main, qui agit en Afrique, en Asie et aux Amériques, travaille aux côtés des communautés pour éviter que ces formes de violences deviennent banales ou tolérées. Elle veille également à faire respecter les droits de l’enfant dans ses programmes de parrainage. La maltraitance infantile est un problème mondial qui exige des solutions spécifiques à chaque territoire, durables et humaines.
Le saviez-vous ?

6 enfants sur 10, âgés de moins de 5 ans, subissent régulièrement des châtiments corporels ou des violences psychologiques de la part de leurs parents ou tuteurs. Par ailleurs, 1 femme sur 5 et 1 homme sur 7 déclarent avoir été victimes d’abus sexuels durant leur enfance.
Les différentes formes de maltraitance

La maltraitance infantile regroupe plusieurs types de violences :
- La violence physique : coups, brûlures, blessures, châtiments corporels... Ces sévices engendrent la plupart du temps des séquelles profondes, visibles autant sur le corps que dans l’esprit.
- La violence psychologique : insultes, humiliation, dévalorisation constante… Cette forme, invisible, est souvent ignorée, mais laisse des troubles durables.
- Les violences sexuelles : attouchements, viols, exploitation… Les filles sont particulièrement vulnérables, notamment dans les contextes de pauvreté ou de conflits.
- La négligence : refus de soins, privation d’éducation, d’affection, etc. L’enfant livré à lui-même doit affronter seul des situations qui menacent gravement sa santé, son développement et sa sécurité.
- L’exploitation économique : le travail des enfants, réalisé souvent dans des conditions dangereuses, les tient éloignés de leur enfance, de leur scolarité et compromet leur avenir.
Il est important de préciser que toute forme de maltraitance est particulièrement grave lorsqu’elle est exercée par un parent, un représentant légal, un adulte en position d’autorité ou une personne de confiance.
Selon l’article 19 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), l’enfant doit être protégé "pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié". Le lien de confiance et de dépendance qui unit l’enfant à ces figures renforce l’impact des violences subies.
Chaque forme de violence doit être reconnue et traitée avec sérieux.
Signes physiques et psychologiques

Indicateurs physiques
Un enfant victime de mauvais traitement peut présenter des marques visibles : bleus répétitifs, blessures inexpliquées, dénutrition, vêtements inadaptés… La présence de ces indicateurs nécessite une attention particulière, quel que soit le contexte social ou économique.
Manifestations comportementales
Au-delà des traces physiques, certains comportements peuvent alerter : repli sur soi, agressivité, refus de communiquer, échec scolaire… Les enseignants, les agents communautaires et les parents jouent un rôle clé pour repérer ces signaux. Comme le rappelle notre partenaire ChildFund Australia, il faut créer des environnements où les enfants se sentent en sécurité pour parler. C’est en brisant le silence que les victimes retrouvent leur dignité.
Les conséquences à long terme de la maltraitance infantile

Impact sur la santé mentale
Les conséquences des mauvais traitements sur la santé mentale des enfants sont profondes : troubles anxieux, dépression, stress post-traumatique, retards du développement… Ces troubles peuvent s’étendre jusqu’à l’âge adulte et affecter durablement la qualité de vie de la personne victime. La guérison des traumatismes doit être prise en charge par des professionnels compétents et disponibles.
Effets sur le développement cognitif et social
La maltraitance peut gravement perturber le développement cognitif de l’enfant, en affectant sa mémoire, son attention et ses capacités d’apprentissage. Un enfant victime de violences peut ainsi se retrouver très souvent en situation de décrochage scolaire. Il se sent rejeté, incompris, inutile. Cela freine son développement, limite ses opportunités et le prive de perspectives. Sur le plan social, elle compromet le développement de la confiance en soi et la capacité à établir des relations saines. L’enfant peut également développer des troubles émotionnels, comme l’anxiété ou la dépression, qui entravent son intégration sociale. Ces impacts peuvent se prolonger à l’âge adulte si un accompagnement adapté n’est pas mis en place.
Dans certains cas, les enfants victimes de maltraitance reproduisent, une fois adultes, les mêmes comportements violents ou négligents envers leurs propres enfants. Le rôle de l’école est donc essentiel dans leur reconstruction, tout comme celui des services sociaux, qui assurent un suivi de proximité pour prévenir cette transmission intergénérationnelle.
Facteurs de risque

Environnement familial et socio-économique
La maltraitance infantile est souvent liée à un contexte de précarité socio-économique ou d’instabilité familiale. Quand les parents n’ont plus ou peu de ressources, ils peuvent décider de mettre leurs enfants au travail, les confier à des tiers ou les forcer à se marier très jeunes. En période de conflit ou de catastrophe naturelle, le danger augmente encore. Dans ces contextes, la négligence devient involontaire, mais réelle.
Vulnérabilités individuelles de l’enfant
La discrimination fondée sur le handicap, l'apparence physique, l’âge ou le genre peut aussi isoler l’enfant et le rendre plus vulnérable aux abus. Les filles sont particulièrement exposées à la négligence, aux abus sexuels, aux mariages précoces et à la violence domestique. Dans certains cas, leur droit à la santé, à l’éducation ou à une vie digne est nié par la communauté elle-même. Il est fondamental de renforcer l’autorité parentale bienveillante et de sensibiliser les familles à l’égalité fille-garçon.
Normes culturelles et sociétales
Certaines normes culturelles et sociétales peuvent accroître les risques de maltraitance envers les enfants. Par exemple, certaines coutumes tolèrent ou justifient la violence comme moyen d’éducation. L’absence de politiques de sauvegarde efficaces, notamment dans les contextes de conflits armés ou de catastrophes naturelles, aggrave encore la situation en réduisant les mécanismes de surveillance et de soutien. Ces facteurs combinés créent un environnement propice à la négligence et à la maltraitance, souvent invisibles ou tolérées socialement.
Cadre légal et dispositifs de protection de l’enfance

Lois et engagements internationaux
La Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’ONU en 1989, reconnaît à chaque enfant le droit à la protection contre toutes formes de maltraitance (article 19). En France, le Code pénal prévoit des sanctions claires : jusqu’à 20 ans d’emprisonnement en cas de viol sur mineur, amende et 3 ans d’emprisonnement en cas de violences physiques (5 ans si ce sont les parents ou des personnes ayant autorité), voire davantage si les faits entraînent une infirmité ou la mort. Le retrait de l’autorité parentale peut aussi être prononcé. Ces lois s’appliquent également à toute personne témoin de violences, qui a le devoir de les signaler.
Rôle des institutions et acteurs de terrain
La protection de l’enfance repose sur une mobilisation collective. Les services sociaux, les ONG, les écoles, les autorités locales et les communautés jouent un rôle essentiel pour prévenir, détecter et répondre aux situations de mauvais traitements.
En Éthiopie, Un Enfant par la Main et son partenaire local mettent en place des comités communautaires chargés de repérer les abus et de protéger les enfants. Des formations sont organisées pour sensibiliser les familles aux droits de l’enfant et à leurs responsabilités.
Récemment, un centre d’accueil a été ouvert pour permettre aux victimes d’être écoutées, soignées et accompagnées dans un cadre chaleureux. Grâce à cette approche collective, les communautés participent progressivement à la défense et à la protection de leurs enfants.
Ces initiatives montrent que le bien-être des enfants est une responsabilité partagée, nécessitant l’engagement de tous les acteurs locaux pour créer un environnement sûr et bienveillant pour chacun d’entre eux.
Prévention et intervention

Agir en amont : prévenir la maltraitance
Prévenir la maltraitance infantile, c’est avant tout accompagner les familles, renforcer leur rôle de parents et favoriser l’accès aux services essentiels.
Actuellement, au Cambodge, dans les districts de Rukhak Kiri et Samlout (province de Battambang), nous soutenons le projet Communauté sûre pour les enfants, porté par notre partenaire ChildFund Cambodge, en collaboration avec Opérations Enfants du Cambodge, pour renforcer la protection des enfants au sein des communautés locales.
Ce programme mobilise à la fois les enfants, les familles, les écoles et les autorités locales.
Plusieurs formations sont organisées : des sessions sur la gestion de cas et les mécanismes de signalement permettent aux travailleurs sociaux et aux représentants locaux d’identifier plus efficacement les situations à risque. Des bénévoles locaux sont accompagnés pour encadrer des actions de sensibilisation sur la parentalité positive.
Par ailleurs, des groupes d’enfants sont formés pour mieux connaître leurs droits, apprendre à se protéger, et savoir vers qui se tourner en cas de violence.
Grâce à cette approche inclusive, ce sont les communautés elles-mêmes qui deviennent les premières actrices de la prévention.
Réagir à des situations critiques

Quand un enfant est en danger, il faut réagir vite.
À Madagascar, Un Enfant par la Main a mis en place des Clubs Droits au sein des écoles et des communautés. Ces espaces permettent aux enfants et adolescents d’apprendre à s’exprimer et de reprendre confiance en eux. Grâce à des jeux de coopération et des ateliers artistiques (dessin, théâtre, etc.), ils prennent conscience de l’importance d’une bonne communication et découvrent de multiples façons de faire entendre leur voix.
Les séances de groupes des Clubs Droits offrent un climat de confiance et de respect, donnant la possibilité à ceux qui ont subi ou subissent des situations de violences de partager leur histoire.
S’engager pour protéger les enfants
Chaque personne peut jouer un rôle dans la protection des enfants. En tant que citoyens, parents, adultes responsables, nous avons le devoir de signaler les cas de maltraitance.
Le parrainage d’enfants est aussi un moyen concret d’agir : il leur offre une sécurité, un accès à l’école, à la santé et à un environnement bienveillant. Ces liens protègent, valorisent et transforment la vie des enfants. Le soutien d’un parrain ou d’une marraine peut représenter un rempart contre les violences quotidiennes.
Les enfants victimes de maltraitance peuvent souffrir toute leur vie : troubles mentaux, isolement social, difficultés relationnelles, reproduction de schémas violents. La maltraitance infantile ruine la confiance, altère le développement et brise l’enfance. Elle peut également conduire à des comportements à risque à l’adolescence ou à l’âge adulte.
L’association agit sur trois fronts : sensibiliser les familles et les communautés, renforcer les services de protection et intervenir en cas de situation critique. Elle s’appuie sur des équipes locales, des agents de terrain et des partenariats institutionnels. Elle travaille aussi à faire évoluer les mentalités pour enrayer le cycle des abus et promouvoir des modèles éducatifs positifs.
Le parrainage offre un filet de sécurité : il garantit l’accès à l’éducation, la santé et la protection. Il les valorise et réduit les situations de danger ou de négligence.
Mais l’impact ne s’arrête pas là : le parrainage que nous proposons est communautaire. Cela signifie que les actions mises en place ne profitent pas uniquement aux enfants parrainés, mais à toute leur communauté, en particulier aux plus vulnérables. En renforçant les systèmes de sauvegarde de l’enfance et en sensibilisant les familles, les enseignants et les leaders locaux, nous créons ensemble un environnement plus sûr pour tous les enfants dans nos zones d’intervention.

Offrir des soins

Agir contre la faim

Protéger des violences

Scolariser et former

Donner de l’eau