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Isabelle, marraine au Sénégal, rencontre pour la première fois sa filleule

Isabelle, marraine au Sénégal, rencontre pour la première fois sa filleule

Isabelle L fait partie de nos 11 000 parrains.  Le 31 octobre dernier, cette psychothérapeute de 39 ans, dans le Val-de-Marne a rencontré sa filleule au Sénégal, dans son village près de Dakar.

Accompagnée par son mari et leur petite fille, Isabelle a pour la première fois échangé en personne avec Khady, qui va fêter ses 8 ans en mars. Elle la parraine depuis 2016.

De retour de son voyage, nous avons recueilli son témoignage chargé d’émotion : un moment inoubliable pour Isabelle, qui pendant son enfance, a vécu au Sénégal.

Qu’avez-vous ressenti en arrivant dans le village de votre filleule ?

L’arrivée dans le village de notre filleule a été une énième étape puisque nous avions entamé notre séjour au Sénégal, quelques jours dans le Siné Saloum, bercés et enchantés par la douceur des paysages et la sympathie des Sénégalais.

Nous avions donc rendez-vous devant l’hôpital de Thiadiaye avec deux sympathiques et accueillants représentants de l’association qui nous ont ensuite conduits à l’école de Khady.

La visite du village est venue, ensuite, après avoir enfin rencontré notre filleule. Nous étions très émus, un peu abasourdis d’avoir fait connaissance avec elle, comme vidés par nos émotions, main dans la main pour visiter son village. Nous nous sentions très humbles devant les sourires et la chaleur des habitants du village.

Ces derniers avaient pour la plupart un téléphone portable, symbole de modernité et d’ouverture vers le monde. Pourtant, le village de Keur Yérim n’a pas d’électricité et est minimaliste en biens matériels. Nous avons rencontré la famille de Khady, les habitants du village ainsi qu’une jeune fille d’une vingtaine d’années, ayant été parrainés par le passé par une famille canadienne. Cette jeune fille étudie désormais à l’université de Dakar. Elle fait aujourd’hui beaucoup de liens, de traductions pour les enfants parrainés de Keur Yérim.

Nous avons été accueillis avec énormément de bienveillance, étant les premiers parrains à venir visiter le village. Nous avons rencontré l’éducatrice du « centre d’éveil » engagée par l’association grâce aux contributions des parrains. Elle portait sur son dos son bébé et assurer l’enseignement auprès des tout petits âgés entre 2 et 6 ans. Normalement, l’école commence uniquement en élémentaire.

C’est une vraie chance pour ces enfants d’avoir accès à une pédagogie portée par une jeune femme passionnée.
Les enfants étaient sur leur « 31 », en habits de fête pour la plupart.
Ils nous ont chanté leur répertoire de comptines. L’émotion partagée était forte…

 

Isabelle, marraine au Sénégal, rencontre pour la première fois sa filleule

Comment s’est déroulée la rencontre avec Khady ?

Nous sommes allés chercher Khady dans sa classe. Nous savons à quel point Khady est fière et heureuse d’être à l’école, comme elle nous le raconte dans ses lettres : en première année d’école élémentaire, elle apprend à lire et écrire.

J’avais en tant que marraine la mission de la retrouver parmi ses camarades. Je ne m’attendais pas à cela, j’étais agréablement surprise.
J’ai eu beaucoup de mal à la reconnaître, même si notre correspondance est rythmée par des envois de photos, car la classe devait compter une quarantaine d’enfants.

Nous étions aussi intimidés l’une que l’autre ! Nous avons eu un temps d’échange avec son maître, un monsieur engagé et passionné.
Notre fillette, Arielle, 7 ans, a ensuite pris la main de Khady puis nous sommes allés en voiture dans son village séparé de quelques kilomètres de l’école.

Khady s’y rend à pied avec quelques camarades, mais lors de la saison des pluies, elle reste dans son village et aide à l’organisation de la famille, du village et des cultures.

 

Avez-vous pu communiquer avec elle et sa famille ?
Quels ont été les moments forts de cette visite ?

Grâce aux partenaires de l’association, nous avons pu aisément communiquer avec Khady et sa famille.

Finalement, le dialogue était assez fluide et naturel. La jeune fille, présente dans le village et ancienne parrainée, nous a aussi beaucoup aidés à transmettre nos témoignages et propos. De plus, la communication infra verbale, « hors les mots », faites de regards, était central.

Nous nous sommes tous beaucoup observés, non par méfiance, mais par curiosité. Nous avons eu un temps important d’échange réuni en cercle à la place publique du village.

Chacun a pu faire part de ses questionnements au-delà du chef de village. Nous avons ressenti l’importance du discours des femmes du village, très impliquées dans le travail (culture d’arachides) et les projets de la vie du village. Les villageois nous ont beaucoup interrogés sur la vie occidentale en général, assez fascinés par ce lointain et cette opulence que pourtant nous n’affichions pas.

Nous avons voulu leur transmettre aussi le malaise de notre culture avec toute cette opulence. Ce rapport souvent malsain aux objets.
Nous leur avons transmis notre reconnaissance à voir leurs sourires, leur bonheur d’être ensemble, de faire ensemble, portés par ces valeurs d’entraide que notre famille partage fondamentalement avec eux.

Que retenez-vous de cette rencontre, quel est votre plus beau souvenir ?

Notre plus beau souvenir va vers ces premiers échanges intimidants et chargés d’émotions avec notre petite filleule, « pour de vrai ».

Comment votre mari et votre petite fille ont-ils vécu cette rencontre ?

L’engagement du parrainage est une histoire très profonde pour moi puisque j’ai passé une partie de mon enfance en Afrique et notamment au Sénégal. Ils savent à quel point c’est important pour moi, surtout mon mari avec un recul d’adulte sur la vie, sur l’histoire de l’enfance.

Je crois que ce voyage a été pour lui une découverte forte, au-delà des préjugés et des idées reçues qu’il pouvait porter malgré lui sur l’Afrique. Il a aimé le Sénégal et les valeurs de ses habitants. Je pense que cette rencontre lui a permis de s’approprier aussi ce parrainage.

Il a été très touché par cette petite fille adorable, il a été bienveillant. Lors de notre réunion sur la place du village, il a beaucoup pris la parole, si reconnaissant de leur accueil et de leurs valeurs. Plus à l’aise à l’oral que moi, il s’est fait un peu le porte-parole de notre famille, de notre culture. Cette rencontre, si forte, lui a sans doute permis de prendre beaucoup de recul sur nos rythmes quotidiens, nos contrariétés occidentales, finalement si superficielles.

Pour ma fille, déjà très impliquée dans le parrainage, cette rencontre a été je crois une histoire d’amitié avec Khady. Nous avions beaucoup partagé le voyage avec elle et l’avions mise au courant de toutes ses différences. Bien sûr, elle était surprise du dénuement matériel du village, mais le lien affectif et humain a pris tout son sens.

Main dans la main, elles ont vécu cette journée ensemble, les yeux dans les yeux.
Arielle avait demandé à rencontrer les animaux du village. Si fière, Khady l’y a conduite.

À deux mois du retour, nous sommes encore assez submergés par ces jolies émotions et n’avons pas encore réécrit à Khady et sa famille tant cette découverte, puis cet « au revoir » sont encore si frais et si vivants.

Comment impliquez-vous votre fille dans ce parrainage ?

Arielle a sept ans, elle est née la même année que notre filleule. Elle se considère, elle aussi, comme sa marraine, car elle est très impliquée dans ce parrainage. Cela fait deux ans que nous vivons cette expérience ensemble. Elle lui rédige une lettre, réalise un dessin et pense souvent à elle lorsqu’il s’agit d’offrir un petit présent qui pourrait lui plaire. Elle garde cette expérience comme étant un peu intime, faisant partie de son jardin secret et n’en parle qu’à ses amies proches ou à la famille. Je crois que cette amitié hors du commun est précieuse pour elle.

En tant que psychologue pour enfant, que pensez-vous du parrainage en tant que moyen de soutien financier et moral ?

En tant que mère, psychologue pour enfants et amoureuse des pays et voyages, l’entraide est une valeur qui manque malheureusement souvent aux enfants occidentaux qui souffrent de leur individualisme et de leur rapport au matériel, à « l’avoir ».
Cette entraide est dans les deux sens, car cette famille, ce village, nous aident à être clairvoyants sur des valeurs joyeuses et de partage.

Le parrainage est une aventure humaine qui aide chacun à se construire en rapport avec le monde.

Que signifie pour vous être marraine ?

Le parrainage est pour moi un échange avec un enfant et sa famille avec lesquels se noue une relation riche, culturellement et pour laquelle je peux contribuer un peu financièrement.

Comment parlez-vous de votre parrainage autour de vous ?

Autour de moi, j’en parle de la manière la plus naturelle possible, à travers les échanges réguliers que l’on peut entretenir avec Khady et sa famille.

De retour en France, quel message souhaiteriez-vous adresser à nos parrains, mais aussi à ceux qui réfléchissent et envisagent de parrainer ?

Je ne peux bien sûr que conseiller le parrainage. J’insisterai sur l’engagement moral et humain.
Parfois, on peut « racheter » sa conscience, cela peut « faire bien » de participer aux associations.

Cela ne suffit pas. Il faut en avoir l’envie profonde et avoir la disponibilité psychique de ce partage.
Cette expérience de rencontre dans l’univers de notre filleule m’a confirmé qu’Un Enfant par la Main est une association authentique et vraie. C’est une grande association qui a su garder son essence et l’intensité de son engagement, à l’image de cette journée du 31 octobre, accompagnée par des partenaires formidables.